120. Je viens de nouveau faire miennes et proposer à tous quelques paroles de saint Jean-Paul II dont la force n’a peut-être pas été perçue : « Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu’elle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne ».[94] Dans ce sens, je rappelle que « la tradition chrétienne n’a jamais reconnu comme absolu ou intouchable le droit à la propriété privée, et elle a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée ».[95] Le principe de l’usage commun des biens créés pour tous est le « premier principe de tout l’ordre éthico-social »[96] ; c’est un droit naturel, originaire et prioritaire.[97] Tous les autres droits concernant les biens nécessaires à l’épanouissement intégral des personnes, y compris celui de la propriété privée et tout autre droit « n’en doivent donc pas entraver, mais bien au contraire faciliter la réalisation »,[98] comme l’affirmait saint Paul VI. Le droit à la propriété privée ne peut être considéré que comme un droit naturel secondaire et dérivé du principe de la destination universelle des biens créés ; et cela comporte des conséquences très concrètes qui doivent se refléter sur le fonctionnement de la société. Mais il arrive souvent que les droits secondaires se superposent aux droits prioritaires et originaires en les privant de toute portée pratique.
[94] Lettre enc. Centesimus annus (1er mai 1991), n. 31 : AAS 83 (1991), p. 831.
[95] Lettre enc. Laudato si´ (24 mai 2015), n. 93 : AAS 107 (2015), p. 884.
[96] St. Jean-Paul II, Lettre enc. Laborem exercens (14 septembre 1981), n. 19 : AAS 73 (1981), p. 626.
[97] Cf. Conseil Pontifical Justice et Paix, Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n. 172.
[98] Lettre enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 22 : AAS 59 (1967), p. 268.